I

Afrique, terre brûlée par le soleil, le vent et l’oubli.
Le désert avance et emporte avec lui la vie des peuples.

 

II

L’enfant s’accroche aux mamelles flasques de sa mère
Il tente d’y boire une goutte de lait, de force, en vain.
Elle est morte de faim depuis quelques heures
Dans sa dernière effusion d’amour,
Elle a préféré donner à son enfant
Tout ce qui lui restait de vie.

Un souffle court expire de la bouche desséchée de l’enfant,
Il essaie de crier,
Il sent que sa mère est morte
L’être mourant rampe à ses pieds.

Il veut crier, il ne peut plus.
Il ne peut émettre un son de ses lèvres meurtries.
Il veut pleurer, il ne peut plus.
Il ne peut puiser la dernière goutte d’eau pour une dernière larme.
Il va mourir sans crier, sans pleurer…
Il veut dormir.

Dans un éclair de désespoir,
Il invoque une puissance supérieure
L’espoir vague et soudain,
D’une évasion vers ce surnaturel,
Boire ou manger.

De ce réflexe, il ouvre ses paupières collées par la chaleur
De ses yeux salis de poussière il aperçoit le ciel
Et lui sourit.
Il tend ses bras hideux vers le soleil.

Un enfant tend ses mains vers notre étoile noire.

De son dernier instinct d’espoir,
Il s’effondre, épuisé, au côté de sa mère.

Les peuples d’Afrique se meurent.
Puissances muettes,
Un enfant est mort !

avril 1989

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