AU TRAVERS DE LA VIE

Par Marcabru Dans DECOMPOSITIONS MALADIVES

I – LE CHOC ET LES MURS

Je ne suis qu’une ombre folle aux espoirs en flammes
Mon cœur gris, cette pierre ardente écorchera
Le blasphémateur fou qui s’y raccrochera
S’y brûlera partout son être et ses larmes.

Mon âme cette braise élevée aux enfers
La gueuse qui s’achève et se déchire en cris
En parfums de rires, glaives forgés de nuit
De pluie éparse au vent, sans un souffle d’air.

Vous, naturellement orientée vers le ciel
Moi, inerte expression du soldat sourd et rebelle
Des somptueux plaisirs désirs charnus et fiers.

Flot de sang je me perds face à l’effroi des hommes,
Noyé dans la furie des guerres monochromes
Ses échos craintifs se crispent en passions de pierre.

 

II – DU COTE DE CHEZ SADE

Ces peuples autour de moi m’exaspèrent de chagrin.
Maladroit et pataud, homme tu crois à quoi !
Et plus j’espère et moins j’y crois faute d’un moi
Introverti de chimères cachées aux miens.

Plus j’espère et je râle, aux enchères d’un jour
J’ai vendu mon âme au Diable, soudain je ris
Bonheur et liberté ! Retrouvé le sourire
Rode le désir de vivre, comme un vautour.

Sous l’ordre de ma vertu, l’illuminateur
Fier et cher j’ai tué mon avenir unique,
J’ai vomi ma haine sur son tombeau Sadique.

Comme si vous et moi dansions son malheur
Les geôles de l’enfer criardes et jouissives
M’éveillent le Marquis, et des coïts et des rires.

 

III – VERS UN SOURIRE PERDU

Destins beaux et perdus, mais plus tard un peu vide
L’innocence me heurte vers le précipice,
J’ai pris un poignard je l’ai enfoncé au creux ;
Les divinités frappent les espoirs de mes feux.

Un rire s’évadait et s’éprenait de mon corps
A flot gris éperdu d’elle, debout je riais
La peur comme l’orage d’un sourire châtié
Je marche je cours les entrailles dans le sort

Et j’ai pris mon courage, noir de préférence
Je lui ai fait cracher le paradoxe de mai
Ne plus souffrir ses yeux verts j’ai imaginé :

Dans la foule regardez son corps fou qui danse !
C’est vrai que j’avais un peu mal derrière la tête,
Arraché à ce temps qui jamais ne s’arrête.

 

IV – LE PARADOXE DU MOI

Paradoxe du moi, l’amour cruel met sa flamme
Au cœur de tous les êtres forgés de passion
Et porte une lumière douce dans vos âmes.

 

V – LES VENTS DE LA NUIT

Mon Dieu, ça m’énerve je vis comme je ris :
Derrière la vie m’attend donc l’immonde folie ?
Incapable de crever, corps puant de vie
Déliquescence de mes troublantes envies

La vie est une vérité sans fondement
Un échec sans victoire pourtant éclatant
Mon esprit, parfois très logique reste fou, non ?
J’ai transpercé mon âme et mon corps sans raison.

Je déchire, esprit malin, ma foi et mon cœur
Je souffre mon corps était la vie, sans stupeur.
Crétins, nous allons tous pourrir en Enfer !

Effroi et horreur ma vie est donc le néant.
Ma vie s’immole de tout son souffle haletant,
Soudain je sens je flotte j’y passe au travers.

 

VI – L’ABSOLUTION DU CHAOS

Mon âme, tu flânes jalousement
Tu n’as jamais été souillée de la main de nos croyances
Tachée de son sang,
Lavée de sa pureté et de ses gens.
Libertin, je suis un damné fier de son râle
Libre penseur de vos nuits et de vos chants
Notre cœur était bon je suis l’absolution du chaos.
Le diable est un chagrin vautour,
Sentiment faible d’amour, peine à mon âme.
Pourtant,
Le doute subsiste encore devant le néant
Je baigne d’arrachements et de bonheur, hors du temps.
Dans cet élixir de souffrance,
La mort se dissout, esclave de plaisirs abondants.

 

VII – L’ESPRIT ÉCARTELÉ

De revers nocturne en décadence humaine,
Outrageux mon esprit écartelé, dégage
Me rétracte. Mon cœur ne subit point ces outrages,
Rêves d’un homme, vivre d’amour, pas de haine.

Chair pourpre et opulente m’écœure, me frissonne
Je m’évade et je vole dans mes rêveries
Solitude face au néant, à l’infini
Face à moi, face au miroir, à personne.

Lâcheté ou subtil plaisir, spleen délicat
M’éveille, apparaît et grandit au loin l’aura
D’un Dieu, je l’effleure jusque dans son règne.

Je ne sais même pas prier, les bras en croix,
Toujours les visions de l’éternel m’angoissent,
Je voudrais tant m’élever mais ma raison saigne.

mai – juillet 1989

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