Les vapeurs de mon délire m’étouffent
Claquée et meurtrie sur l’autel du gouffre,
Ma poésie m’emporte au loin de l’art
Ivre de destruction je me perds, las,
Je prie pour voir les couleurs de ma vie
Comme un félin s’acharne dans la nuit.
Galvaudé l’esprit de mon silence,
Le poète s’écrit : j’ai trop vécu…
Mais lorsque la terre ne sera plus,
Où diable s’acharneront les esprits ?
Ma vie dans cet art n’est qu’un long suicide
Un astre blafard un rêve envolé.
Marcabru, idole des temps sacrés
Je suis le malheureux, partout je le suis
Je le suis parce qu’il est mon ami.
Pourtant, tout ensorcelé de faiblesses,
Alcool délirant, pour fuir mes ivresses
Un instinct sourd me pousse à détruire
Mes pensées mes mots pour ne plus reconstruire !
Détruire pour ne plus jamais souffrir
M’absoudre, effacé dans l’ignorance
Ne plus enfouir mon éternelle errance
De tous mes sens détruire mes prières
Dans le vacarme du désir de plaire.
De cet océan de mal qui m’écrase,
Je ne garde que des saveurs éparses
Ivre de douleur j’enterre l’Amour
D’un souffle me pulvériser sans détour
Me briser encore aux frontières du mal
Du plaisir pour le péril de mon âme.
Je profane la tombe de Marcabru
Sa poésie et son art disparus.
Cette atroce séparation me blesse
Mon siamois de ses lumières m’agresse
De sa chair ma destruction me rétracte
Mon étoile noire malgré moi s’efface.

Renaître d’hier ou m’oublier.
Me libérer.

Marcabru,
« Nous ne sommes que poussières,
Que le léger souffle du temps emportera à tout jamais. »

mai 1997

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